Origine des documents

Documents : fonds patrimoniaux de la Médiathèque et des Archives Municipales de Roubaix, et des Archives Départementales du Nord

vendredi 1 juillet 2011

Album : Roubaix, ville en chantier

 
La première décennie du vingtième siècle est pour Roubaix une époque de transformation et de chantiers. La petite mairie construite en 1845 vit ses derniers jours, ainsi que les institutions qui l’entourent.
 
 
 Alors qu’on démolit la petite mairie, la nouvelle bourse de commerce s’élève déjà derrière l’ancienne bourse sur la gauche de la photo. Elle est inaugurée le 24 novembre 1907. 
 
 
Le même jour était inauguré le nouvel hôpital de la Fraternité commencé en 1903, qui devait remplacer le vétuste établissement de la rue de Blanchemaille.
 
Déjà en octobre 1905 s’ouvrait le nouveau collège d’enseignement secondaire de jeunes filles avec internat et externat, dans les locaux réappropriés d’un couvent de dominicaines.
 
 
La nouvelle Banque de France s’installe Place de la Liberté le 25 décembre 1905, signe de la prospérité de la ville.
 
 
Le surnom de Roubaix, ville aux mille cheminées n’est pas usurpé, comme le montre ce panorama très proche du centre. 
 
 
Au-delà de la Grand Place, entourant l’église Saint Martin, une multitude d’usines avec leur cheminée dressée vers le ciel. 
 
 
On construit encore des usines, plus modernes, et l’on instaure le travail à la chaîne en confection, comme ici à l’Epeule avec l’entreprise Selliez.
 

On construit aussi de nouvelles usines sur les terrains restés libres à la périphérie de la ville, ici l’usine César Pollet rue de Beaumont édifiée en 1903, filature de laines peignées, retorderie et tissage. 
 
 
L’école de l’avenue Linné, première école primaire construite depuis le début du siècle est réalisée en 1908 par l’architecte Paul Destombes, à l’orée de terres agricoles.
 
 
Mais revenons à la démolition de l’ancienne mairie, qui entraîne celle de la caserne des pompiers que l’on aperçoit sur la gauche de la photo. 
 
  
Les pompiers s’installent dans leur nouvelle caserne située à l’angle du boulevard Gambetta et de la rue Pierre de Roubaix, le 26 novembre 1910. L’emplacement est aujourd’hui occupé par la Caisse d’allocations familiales.
 

La bouse de commerce édifiée en 1907 voit le corps principal de l’hôtel de ville monter progressivement au cours de l’année 1909, à droite de la photo. 
 
 
L’architecte roubaisien Ernest Thibeau élabore les plans du nouvel hôtel de ville adoptés en mai 1903. L’architecte tourangeau Victor Laloux, auteur de la Gare d’Orsay reprend le travail d’Ernest Thibeau empêché pour des raisons de santé.
 

Introduction


Les premières années du vingtième siècle voient Roubaix se transformer avec les avancées du progrès. Depuis 1903, la ville industrieuse est en en chantier : un nouvel hôpital dénommé la Fraternité, une nouvelle bourse du commerce, un nouvel hôtel de ville, une caserne des pompiers moderne. De plus, c’est une des caractéristiques fortes de la grande cité du Nord que de montrer et de célébrer les progrès accomplis. Les socialistes ont promotionné les coopératives ouvrières et les cantines scolaires, les industriels républicains offriront à la cité du textile un rayonnement de capitale, l’espace de quelques mois.  La volonté du pouvoir municipal en place, républicain conservateur, est de faire de la ville une vitrine de ses productions industrielles.
Il manquait à Roubaix la célébration de son importance industrielle et textile…Pourquoi la ville aux mille cheminées, le Manchester français, n’aurait-elle pas organisé son exposition internationale, comme les villes sœurs d’Arras, de Lille et de Tourcoing ? Pourquoi cette ville forte du textile, présente à toutes les expositions internationales et universelles n’aurait-elle pas eu à son tour l’organisation d’un tel événement ? Eugène Motte, fort d’un nouveau mandat municipal va s’emparer du projet. Toutes les conditions sont réunies : un lieu agréable, le Parc de Barbieux, le sens de l’accueil et de la fête des roubaisiens. On se souvient encore de la Cavalcade de 1903. Il y a aussi le retour de la bonne santé de l’industrie après un passage difficile en 1908 du à la crise américaine. Roubaix construit de nouvelles usines, innove ses productions, augmente ses ventes, importe, exporte. Cela fait un vaste réseau commercial et international à mobiliser.
La proposition d’exposition internationale est faite en février 1909 au conseil municipal, et après quelques débats, Eugène Motte obtient le vote
unanime et une trêve politique de la minorité collectiviste et radicale.
L’occupation des terrains sur Croix, rendue nécessaire par l’extension de l’exposition n’est pas facile, les Croisiens refusant l’annexion, mais l’accord se fait à coup de locations. Lille qui envisageait une deuxième exposition après celle de 1902 laissera Roubaix organiser celle de 1911. L’ouverture du grand boulevard reliant Lille Roubaix et Tourcoing en 1909 amène la création de la nouvelle compagnie des tramways Mongy qui reliera les trois villes. L’autre compagnie, les TLB amènera les voyageurs du centre ville et de la Belgique aux portes du parc. 
Eugène Motte et son équipe prennent donc tous les contacts nécessaires : à Paris les différents ministères du commerce, de l’industrie, des colonies, émettent le vœu de la présence du Président Fallières pour l’inauguration. Ce dernier viendra plus tard, déléguant à son ministre du commerce l’inauguration.
Le cahier des charges d’une exposition internationale est respecté scrupuleusement. A l’image des grandes expositions universelles, celle de Roubaix sera donc locale, régionale, culturelle, internationale. Elle proposera un luna park digne de la foire du trône, elle montrera le progrès des machines et des produits, elle expliquera les modes de fabrication du textile et d’extraction du charbon, l’autre grande activité du Nord de la France. Elle accueillera les pays de l’Amérique du sud, du continent austral, les voisins européens. Elle aura son exposition coloniale et son village sénégalais. Pendant plus de six mois, Roubaix vivra au rythme de son exposition qui sera visité par près de deux millions de personnes.